29 octobre 2025

LPP : 40 ans ça se fête !

Prévoyance

Il y a 40 ans, la loi fédérale sur la prévoyance professionnelle (LPP) entrait en vigueur. Aussi connue sous le nom de 2ᵉ pilier, elle complète le 1er pilier (AVS) pour maintenir un niveau de vie adéquat à la retraite. Quarante ans plus tard, la LPP reste un pilier central de notre sécurité sociale. Mais comment faisait-on avant ? Retour sur une époque où la retraite relevait davantage du bon vouloir des employeurs que d’un droit garanti.

Avant 1985, le néant ? 

En Suisse, comme ailleurs dans le monde, la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle est une période de transformations sociales et économiques majeure. L’industrialisation génère de nouveaux risques sociaux, notamment en matière de santé et de sécurité au travail, entraînant la mise en place de mesures de protection sociale. En parallèle, les mouvements sociaux des ouvriers et syndicalistes sensibilisent l’opinion publique à la nécessité de mettre en place des protections en cas de chômage, d’accident ou de vieillesse. Les mentalités en matière de responsabilité sociale évoluent également à cette époque, les employeurs comprennent l’importance d’assurer un soutien à leurs collaborateurs après leur départ à la retraite. 

Ainsi, des caisses de pension privées ont vu le jour au début du XXe siècle notamment dans les secteurs industriels et commerciaux. Leur but principal était d’offrir des prestations de retraite. Dans certains secteurs économiques, les syndicats ont joué un rôle essentiel à la mise en place du système de prévoyance permettant à leurs membres de bénéficier de meilleures conditions de vie à la retraite que précédemment. 

En 1885, la ville de Zurich a été avant-gardiste puisqu’ ’elle a établi la 1ère caisse de pension publique pour ses employés municipaux, inspirant d’autres villes et cantons. 

1972 : système des 3 piliers

Le peuple suisse approuve l’introduction du principe des 3 piliers dans la Constitution tenant compte des besoins des divers groupes de population. Il repose sur la combinaison d’une assurance étatique du minimum vital (AVS/AI), d’une prévoyance professionnelle impliquant la participation de l’employeur (LPP) et d’une prévoyance individuelle (3ème pilier). Ce vote marque un tournant dans la politique sociale suisse. 

Durant 10 ans, la future LPP fera l’objet de nombreux débats politiques et économiques avant son adoption définitive en 1982.

LPP : 1er janvier 1985

La LPP, loi principale du 2ème pilier, entre en vigueur au 1er janvier 1985 et permet d’uniformiser les normes pour garantir un niveau minimal de protection. En 40 ans, les Caisses de pension sont devenues des éléments essentiels du système de sécurité sociale en Suisse et garantissent une meilleure qualité de vie aux retraités. 

Pour la 1ère fois en 2025, les assurés partant à la retraite à 65 ans ont bénéficié des 40 années de cotisations épargne prévues par la loi. Ils représentent ainsi la première génération à jouir d’une retraite complète.

1er janvier 1995 : l’année des extensions

Après 10 ans d’existence et pour tenir compte des évolutions démographiques et économiques, la LPP s’est étendue dès 1995. Désormais, l’assuré peut bénéficier du libre passage lorsqu’il quitte son employeur pour en rejoindre un autre. Ses avoirs de prévoyance seront transférés à leur nouvelle institution de prévoyance. Cette disposition favorise la mobilité des travailleurs.

Toujours en 1995, l’ordonnance sur l’encouragement à la propriété du logement (OEPL) est également entrée en vigueur. Cette dernière permet à un assuré d’utiliser son avoir de prévoyance pour l’achat d’un bien immobilier qui lui servira de logement principal. L’accès à la propriété s’en voit donc faciliter.

2005 : une année de réforme 

Cette année-là, la LPP subit une révision en profondeur : 

  • Baisse du seuil d’entrée (CHF 25'320 à CHF 19'350)
  • Ajustement de la déduction de coordination (CHF 25'320 à CHF 22'575)
  • Réduction du taux de conversion (7.2% à 6.8% sur une période de 10 ans). 

Ces ajustements visent à faire entrer 100'000 salariés dont les salaires sont bas et/ou ayant un travail à temps partiel dans le 2ème pilier. 

2010 – 2024 : échecs de réformes

En septembre 2024, 67% de la population refuse la réforme de la LPP et cela pour la 3ème fois consécutive. Comme en 2005, elle visait à modifier le seuil d’entrée (CHF 19'845 au lieu de CHF 22'050), la déduction de coordination (instaurer un pourcentage fixe au lieu d’un montant) et une diminution du taux de conversion (de 6.8% à 6%). Le blocage vient surtout de la baisse du taux de conversion. Cet élément ayant un impact direct sur les rentes de retraite qui auraient alors été diminuées d’environ 12% par année. 

Et maintenant ?

Aujourd'hui et à l’avenir, les enjeux se concentrent sur la durabilité financière du 2ème pilier, face à un vieillissement de la population et aux fluctuations économiques. Des idées comme le démarrage anticipé des cotisations épargne des jeunes collaborateurs (avant l’âge actuel de 25 ans), le lissage des cotisations épargne pour les générations suivantes (45-65 ans), la baisse du seuil d’entrée ou une modification de la déduction de coordination sont toujours à l’ordre du jour. Ces éléments feront certainement l’objet d’une nouvelle votation dans un avenir plus ou moins proche.

En parallèle à une nouvelle diminution du taux de conversion, il faudrait creuser l’idée de mettre en place un bonus variable sur les rentes. Cela permettrait aux Caisses de pension en fonction du résultat de leurs placements et de leur santé financière d’améliorer les rentes de manière temporaire. Des rentes garanties trop élevées pouvant péjorer la santé financière des institutions de prévoyance sur le long terme. 

L’évolution du monde du travail avec des collaborateurs ayant plusieurs contrats de travail en parallèle ou devenant leur propre employeur et louant leur service à différentes entreprises laisse envisager que la prévoyance professionnelle doit tendre vers plus de flexibilité.

Conclusion

La prévoyance professionnelle doit continuer à évoluer pour répondre aux défis futurs, et une réflexion collective sur les évolutions à apporter au système des 3 piliers est nécessaire pour garantir la sécurité sociale des travailleurs suisses sur le long terme. 

Tiziana Baroni
Transformation&Business Support Manager